Logo

Dans le roman d’Umberto Eco, Le nom de la rose, Guillaume de Baskerville et son novice Adso enquêtent sur une série de meurtres et finissent par découvrir des manuscrits qu’on croyait disparus à jamais. En musique aussi, des chercheurs fouillent sans relâche les bibliothèques du monde entier à la recherche de partitions répertoriées mais considérées comme perdues. On retrouve ainsi régulièrement des partitions de l’époque baroque disséminées jusqu’en Amérique du sud. Poursuivant cette idée, voici quelques chimères qui ont fait couler beaucoup de sueur et d’encre. La liste n’est pas close.

Buddy Bolden Blues

Band
Roman
BO

Buddy Bolden fut l’un des pionniers de la trompette jazz à la Nouvelle-Orléans au tournant du XXe siècle. Il était connu pour jouer de manière très expressive et extrêmement fort dans les bars et salles de danse. Selon ceux qui l’ont entendu, il fut le premier à combiner le blues avec le ragtime. Mais, vers 1906, il commença à montrer des signes de folie consécutives à son alcoolisme et fut interné à l’asile d’aliénés de l’état de Louisiane où il resta jusqu’à sa mort en 1931. On sait qu’il a enregistré un rouleau de phonographe autour de 1898 pour un certain Oscar Zahn. On l'a longtemps cherché. Après une enquête minutieuse menée par Donald M. Maquis en 1978, il est a peu près certain que la collection de rouleaux de Mr Zahn est restée dans un hangar de stockage démoli dans les années 1960. Même si le rouleau avait été récupéré, les conditions d’humidité et de moisissure l'auraient rendu injouable. Il n’existe qu’une seule photo où il apparaît. Son jeu a été repris par tous les musiciens de l’époque en particulier King Oliver et Louis Armstrong.

Le mythe a joué à plein et sont parus un roman sur sa vie, Le blues de Buddy Bolden, 1976, écrit par Michael Ondaatjee (celui du Patient anglais) et un film, Bolden, 1989, par Daniel Pritzker avec une BO de Wynton Marsalis. Le pianiste Jelly Roll Morton a repris son titre le plus connu, Funky Butt dans son Buddy Bolden Blues (I thought i heard Buddy Bolden say). Ici dans la version de Marsalis pour le film :

Qobuz
Spotify



555

555, nombre magique chez les Chinois s’il en est, est le nombre de sonates répertoriées qui ont été composées par Domenico Scarlatti. Le premier, et le seul à ce jour, à en avoir enregistré l’intégralité fut Scott Ross en 1985. Depuis, tout le monde cherche la 556e ! Plusieurs interprètes ont fait des propositions : Rafael Puyana avec la sonate DS Audio por el señor Escarlate et Scott Ross lui-même qui joua la « 556e retrouvée » sur l'antenne de France Musique le 1er avril 1985 !

On m'a même signalé un roman de Hélène Gestern de 2022 justement intitulé : 555. Il est sur ma liste de lecture.

555

The Twelfth Album

Qui n’a pas rêvé d’écouter un album inconnu des Beatles, celui qui serait paru après Let It Be si le groupe ne s’était pas séparé en 1970. C’est le sujet de la nouvelle de Stephen Baxter, le douzième album, dans le recueil Alternative Rock. Les Beatles n’ont publié que 11 albums, la BO Yellow Submarine ne compte pas et Magical Mystery Tour est sorti uniquement en EP. L’auteur décrit ses personnages, dans un monde parallèle où un célèbre paquebot n’aurait pas fait naufrage en 1912, qui écoutent les 12 chansons qui constituent le disque dénommé God.. Chacun des titres est décrit et on peut reconstituer à partir des archives du groupe et des premiers efforts en solo de chacun des membres l’intégralité du programme. Un fan a même créé la pochette telle que décrite dans la nouvelle. Je vous en propose l'écoute ici (Spotify , cliquer sur la photo) :

God

En écrivant ces lignes, je suis tombé sur d'autres compilations du « dernier album ». PAr exemple, The BLACK ALBUM, compilation sur 3 Cds de titres publiés par chacun des membres dans les années 70. Elle a été réalisée par l’acteur Ethan Hawke et intégrée dans une scène du film Boyhood, 2014, de Richard Lintaker – pas vu. Plus intéressant : en 2009, a remix album intitulé Everyday Chemistry reprend et mixe des chansons des Beatles en groupe ou en individuel. Une nouvelle histoire de SF alternative explique l’origine de cette cassette. L’histoire et les chansons sont librement disponibles sur le site the beatlesneverbrokeup.com.

The BLACK ALBUM
Alternative Rock
Everyday Chemistry

Menu