C'est le retour des dinosaures du jurassique ce mois-ci. En musique aussi. Heureusement, ceux que je vous présente sont toujours parmi nous. On commence avec Pulp, groupe phare de la Britpop qui n’avait pas sorti un album depuis plus de dix ans et qui revient aujourd'hui en pleine forme. En épigraphe de ce bulletin, un extrait des paroles de la chanson choisie qui résume parfaitement l’état du groupe et de son chanteur, Jarvis Cocker, en particulier. S’ensuit une chanson d’un groupe mythique de la Britpop dont vous n’avez pas pu manquer l’annonce du retour sur scène, les frères Gallagher ayant décidé de se rabibocher pour quelques dizaines de millions de livres sterling. Il n’empêche qu'en réécoutant leurs premiers albums, un parfum de nostalgie m’a enveloppé. Dire Straits sort une édition 40^e anniversaire de son grandiose Brothers in Arms. Aie ! 40 ans déjà !

L’inoxydable Bruce Springsteen mérite bien son surnom de "The Boss". Il nous sort un coffret de 7 CDs d’inédits en cette fin juin : 83 chansons nouvelles d’un coup ! Difficile d'en faire le tour en quelques semaines pour en choisir une. Alors voilà Repo Man, pochade country avec une pedal steel guitar et un piano boogie endiablés. Pour info, un "repo man" ou "repossession man" est un gars dont le travail est de recouvrer les créances principalement pour les achats de voiture.

Deux petits dinosaures suivent dans le programme. Pere Ubu (sic) groupe américain dont on entend ici l’influence qu’ils ont pu avoir sur Joy Division et Galaxie 500 qui rend à son tour hommage à son groupe de référence, New Order, avec la reprise du fameux Ceremony.

Il y a aussi des dinosaures en France. Un disque enregistré en 1980, dont la production n’avait, à l’époque, pas plu à Brigitte Fontaine et Areski, se voit réédité dans un nouveau mixage. Quelle bonne idée ! En furetant sur le net, j’ai écouté la première version pleine de guitares et synthé à la mode 80’s. Je peux comprendre leur autocensure. Un seul regret : le titre de l’album d’origine, Les Églantines sont peut-être formidables, était plus poétique que celui d’aujourd’hui : Baraka 80.

Une série de SF captivante et qui fait réfléchir, ce n’est pas courant. Je vous invite donc à regarder Severance de Ben Stiller (oui l’acteur) : des employés de la société Lumon subissent une opération de dissociation de l’esprit, qui scinde leur vie en deux. Vie professionnelle et vie privée sont ainsi totalement séparées. Quand ils mettent le pied sur leur lieu de travail, ils n’ont aucune idée de ce à quoi ressemble leur vie à l’extérieur. Quand ils en sortent, ils ne savent pas ce qu’il s’est passé durant la journée. On suit donc la (les ?) vie (s) d’une équipe de salariés qui finissent par se poser des questions sur leur alter ego. Les épisodes sont parsemés de pistes qui nous interrogent sur le monde du travail et sur les autres utilisations potentielles de cette « dissociation ». Il me faut aussi mentionner la mise en scène et les décors qui amplifient le propos du scénario. Il ne nous reste plus qu’à patienter jusqu'à la sortie de la 3^e saison dans deux ans.

Un hommage dans ce programme au compositeur de musique de film, Lalo Schifrin, disparu le mois dernier, avec l’incontournable thème de Mission Impossible dans une adaptation originale.

Jazz à tous les étages ce mois-ci. En premier lieu, Olga Amelchenko, jeune sax ténor russe, installée en France depuis quelques années ; puis Joshua Redman, entouré de pointures, avec un nouvel album brillant. Des Français suivent : André Tixier au piano avec deux morceaux tirés de deux albums sortis cette année, Laurent Coulondre en duo avec une jeune flûtiste Christelle Raquillet, Stéphane Kericki à la basse et Vincent Ségal au violoncelle avec Airelle Besson, trompette. Enfin une réédition d’un disque en duo de Christian Escoudé et Michel Graillier. Si l’introduction vous rappelle un certain Keith Jarrett, bingo ! C’est un thème composé par Keith.

Une reprise fort réussie du Cinema Show de Genesis par le groupe suédois The Flower Kings conclut ce programme. Le solo de claviers est particulièrement captivant. Dommage que la version sur les plateformes soit amputée de plus de 4 minutes.

Le mois prochain, vos suggestions issues des différents festivals auxquels vous avez assisté seront à l'honneur. Si vous ne l'avez pas encore fait, n’hésitez pas à m'envoyer vos recommandations.

Miscellanées

Hermann Hesse commence la rédaction de ce qui sera son dernier roman en 1931 et le fait publier en Suisse en 1943 après que le manuscrit eut été refusé à la publication en Allemagne en raison des opinions de l’auteur. C'est l'œuvre maîtresse qui sera à l’origine de l’attribution à Hesse du prix Nobel de littérature en 1946.

La musique joue un rôle essentiel dans la vie des protagonistes du roman. C'est la voie par excellence qui développe l'éducation et permet la promotion au sein de l'ordre. C'est aussi une des principales sources d'inspiration pour construire les scénarios pour le jeu des perles de verre. [...]

Vous trouverez ci-après des extraits du roman qui mettent en valeur la musique dans la vie quotidienne en Castalie :

La playlist du mois est sur Audio Station, Qobuz, Deezer et Spotify. Il suffit de cliquer sur les icônes :

Pour plus de musique, toutes les archives sont disponibles sur le site lavande47.fr.

Bonne écoute

Philippe