Il y a des disques qui vous embarquent dès la première note pour un voyage de 40 minutes. L’album Our Calling de Piers Faccini et Ballaké Sissoko est de ceux-là. Les deux musiciens se sont souvent croisés depuis vingt ans et se retrouvent en duo pour la première fois. 9 balades chantées en anglais ou en italien par Piers nous bercent, ponctuées d’incisions sublimes de la kora de Ballaké. Je vous propose ici celle qui ouvre le disque. Pour continuer à baigner dans cette ambiance de l’Afrique de l’Ouest, un extrait du prochain album de l’immense Salif Keïta qui lui aussi a choisi l’épure des instruments acoustiques pour faire passer son émotion.

Je suis tombé sous le charme des chansons de Gus Englehorn. C’était un professionnel de snowboard qui s’est reconverti dans la musique. Ses chansons ne sont pas directement classables dans une case. J'y entends un melting pot des Pixies, B-52’s et Beck. Sa compagne, Estée Preda, illustratrice, l’accompagne à la batterie.

C’est donc le mois des coups de foudre. Voici 3 artistes qui m’ont tout de suite emportés : Panda Bear, Ex-voïd et Ichiko Aoba. Panda Bear dégage une joie et une exubérance qui m’ont rappelé Vampire Weekend mais aussi, dans les harmonies vocales, le disque Pet Sounds, chef d’œuvre des Beach Boys. Ex-Voïd est un groupe londonien qui nous ramène dans les grandes années 80, tendance Pretenders. Il n’y a peut-être rien de très neuf mais c’est rafraichissant. On change d’atmosphère avec une musicienne japonaise, Ichiko Aoba, guitare et clavier, qui nous fait visiter ses jardins secrets. Le titre Luciférine fait référence à « des molécules dont l'oxydation, sous le contrôle d'une enzyme, la luciférase, aboutit à la formation d'oxyluciférine et à l'émission de photons. La luciférine a été découverte chez plus de 300 espèces capables de bioluminescence » (Wikipédia).

Au détour d’une émission sur France Musique, L’Échappée belle, j’ai fait la découverte de Marc Mauillon, baryténor, dont la diction claire fait merveille autant dans la musique du Moyen Âge, le Baroque que dans les airs de Claude Debussy. Deux airs très contrastés, l’un du XVII^e siècle (Honoré d’Ambruis) avec les Arts Florissants et l’autre contemporain (Philippe Leroux, né en 1959) sont au programme.

Je replonge dans mes premières amours en écoutant ce qu’on a coutume de dénommer « le rock progressif ». Grâce à l’internet et ses blogueurs passionnés on peut dénicher des groupes et des albums méconnus sinon oubliés. La cerise sur le gâteau est qu’on peut aussi les écouter sur les plateformes musicales. La sélection du mois affiche Kraftwerk qu’il est inutile de présenter et Phil Manzanera qui, en quittant Roxy Music, a réalisé quelques albums prog. Il y a aussi Jethro Tull. On a eu l’excellente idée de me signaler la sortie de leur nouveau disque. Cela faisait 30 ans que je ne les avais pas écouté. Dans le morceau du programme on retrouve toute l’ambiance folk-prog de leur période Stand Up /Aqualung avec Ian Anderson, sa voix et sa flûte reconnaissables entre toutes. Enfin j’ai finalement suivi le conseil de l’un d’entre vous : écouter Ozric Tentacles. Il y a de quoi faire puisque, depuis 40 ans, ce groupe a sorti plus de deux douzaines de disques. J'ai choisi un titre de leur début : Kick Muck qui s'inscrit sous les auspices du Gong de la trilogie Radio Gnome et de King Crimson période Discipline. On ne saurait, de mon point de vue, avoir de meilleurs parrains.

Le trompettiste de jazz Roy Hargrove nous a quittés ce mois-ci. Un de ses grands titres enregistrés en public pour lui rendre hommage.

C’est l’année du 150e anniversaire de la naissance de Maurice Ravel. Parmi tous les disques en hommage parus récemment, l’un a retenu mon attention. C’est celui de Lucille Dollat, organiste en résidence à Radio France. Le morceau du programme est l’Alborada del gracioso (transcrit pour orgues). J’adore le son qu’elle tire de cet instrument. Son disque présente aussi des morceaux improvisés suivant ainsi la tradition des organistes.

PS : Les enregistrements de musique classique sont à un niveau sonore bien plus bas que les autres. Comme je ne veux pas égaliser le volume de la playlist, n’hésitez pas à monter le son pour en profiter.

Miscellanées

Au cours de mes explorations de la musique progressive, je suis tombé sur cette critique récente du Monde :

« A l’heure où l’auditeur se trouve conditionné au zapping impatient des playlists musicales, le huitième album solo du stakhanoviste britannique Steven Wilson nage à contre-courant avec audace et conviction artistique. Le plus éminent modernisateur du rock progressif, meneur du groupe Porcupine Tree, propose, avec The Overview, un album constitué de deux pistes d’envergure, Objects Outlive Us et The Overview, d’une durée respective de 23 et 18 minutes. Le foisonnant voyage pourrait rebuter, mais séduit par sa créativité débridée, à la croisée de Radiohead, Peter Gabriel et King Crimson. Doté d’une mise en son spatiale pointilleuse, The Overview se double d’un concept exigeant, inspiré par le ressenti des astronautes lorsqu’ils observent la Terre depuis l’espace – Andy Partridge d’XTC a contribué aux paroles. A l’instar du film The Brutalist, de Brady Corbet, autre récent tour de force à la longueur hors-norme (215 minutes), The Overview donne ce sentiment devenu trop rare de vivre une véritable expérience immersive. » (Franck Colombani)

J’ai suivi ces conseils ; j’ai écouté l’album sur ma plateforme préférée et… j’ai un disque 33-tours de plus dans ma discothèque. Osez cette immersion dans la musique. Pour les plus anciens, cela rappellera les écoutes au casque dans le noir de sa chambre des Tales, Starless, Dark Side of the Moon et autres Supper’s Ready. Le titre Objects Outlive Us est ici :

La playlist du mois est sur Audio Station, Qobuz, Deezer et Spotify. Il suffit de cliquer sur les icônes :

Pour plus de musique, toutes les archives sont disponibles sur le site lavande47.fr.

Bonne écoute

Philippe