C'est un mois plein de reprises ! Reprendre un morceau connu tout en lui donnant un nouvel éclairage permet souvent aux musiciens de se faire remarquer (il arrive même que la copie dépasse l'original) et à l’auditeur de se retrouver comme dans de vieux habits remis au goût du jour. On trouvera donc ici des morceaux des Sparks, Michael Jackson, Christophe ou encore David Bowie dans de nouvelles moutures rafraîchissantes.

Du côté du jazz, la variété sera de mise avec un trio composé d’Arnaud Dolmen, jeune et brillant batteur, du bassiste de Sixun, Michel Alibo, et de Jowee Omicil, sax prodige, dans une musique teintée par les mers caraïbes ; Naïssam Jalal, la flûtiste, continue sa quête musicale en proposant cette fois-ci une série de duos avec d’autres soufflants dans des joutes toujours constructives – ici avec le grand Archie Shepp ; un retour au hard bop des années 50-60 qui fait toujours plaisir avec le quartet du saxophoniste Dmitri Baevski – Le guitariste, Peter Bernstein, est tout simplement admirable. Enfin, une trouvaille dans la collection « The Lost Recordings » : un enregistrement d’un concert de 1982 de Philip Catherine en duo avec un jeune virtuose de 18 ans, Nicolas Fiszman.

Un hommage au grand Brian Wilson disparu récemment. Je n’ai jamais écouté les albums des Beach Boys : la musique de plage et surf, très peu pour moi… Puis, il y a quelques années, à la suite d'une critique élogieuse, j’ai prêté l'oreille à leur Pet Sounds de 1966 que je connais aujourd’hui par cœur. Je vous propose le disque « maudit » Smile qui n’est jamais sorti en son temps, Brian Wilson ayant craqué devant l’ampleur du défi : faire mieux que Sergent Pepper’s (il était tout seul, ils étaient quatre) et à cause de l’abus de substances illicites. De longues années de dépression ont suivi. Quelques morceaux furent publiés dans les albums suivants des Beach Boys dont le sublimissime Good Vibrations. Ce n’est qu’à la fin du siècle, qu’il a pu se remettre au travail et monter les bandes enregistrées. On a alors pu découvrir ce qu’aurait pu être ce disque. En voici l’introduction.

Au programme aussi un standard de jazz joué par Art Tatum en souvenir d’un ami trop tôt disparu.

Deux albums écoutés ce mois-ci nous emportent vers les contrées boréales par le truchement d’instruments peu communs : le musicien norvégien Daniel Herskedal et son tuba (non ce n’est pas un disque ECM même si la prise de son y fait diablement penser) et le tromboniste suédois Nils Landgren accompagné par un chœur dans un morceau composé sur des sonnets de Shakespeare.

Wes Anderson vient de sortir un nouveau film The Phoenician Scheme dont la bande annonce m’a séduit. Je ne l’ai pas encore vu mais j’en ai profité pour revoir quelques-uns de ses films précédents. Vous retrouverez donc dans ce programme des extraits des bandes-sons de The Life Aquatic with Steve Zissou , The Darjeeling Limited et The Grand Budapest Hotel.

Un objet musical non identifié maintenant : la Stripsody de Cathy Berberian, cantatrice américaine atypique. Cela date de la fin des années 60. Elle y interprète une partition constituée d’onomatopées, produisant un effet comique irrésistible. Je vous invite à cliquer sur l’image pour avoir accès à la partition complète et à la lire pendant l’écoute. L’enregistrement en public permet d’entendre les réactions de l’auditoire.

Miscellanées

Dans la newsletter de mars 2025, je vous faisais part de mon enthousiasme pour le dernier disque de Steven Wilson The Overview. Les deux pistes de l’album Objects Outlive Us et The Overview, d’une durée respective de 23 et 18 minutes, nous invitaient à un voyage. Faute de place dans le programme de la playlist, je vous donnais les liens sur les plateformes pour que vous puissiez vous faire une opinion et partir aussi.

Ce mois-ci, deux disques m’ont particulièrement envoûté. Il y a le nouvel enregistrement d’un concert en solo de la dernière tournée européenne de Keith Jarrett en 2016, cette fois-ci à Vienne. Depuis, victime d’un double AVC, Keith Jarrett reste paralysé du côté gauche et ne peut donc plus jouer de piano. De nombreux concerts en solo ont déjà été publiés mais c’est chaque fois une découverte. Keith se met à son piano et commence à jouer en totale improvisation ; un thème ou des motifs apparaissent, il les développe et, peu à peu, ils se transforment en une nouvelle trame ; le morceau se termine et un autre commence sur un tout autre mode, un autre rythme. Et ce, jusqu'à la fin du concert. Ce qui aide à embarquer dans ce voyage vers l’inconnu, c’est qu’on reconnaît le langage de Keith Jarrett fait d’ostinatos à la main gauche, de staccatos des deux mains ou encore de notes arpégées à la main droite. Voici : Part V.

Le second disque est une révélation entendue sur France Musique : le jeune pianiste Yunchin Lim dans une interprétation survoltée du concerto n° 3 de Rachmaninov enregistré en public à l’occasion de la finale du concours Cleburn. Je ne connaissais pas bien ce concerto mais je fus séduit dès les premières mesures par le jeu du pianiste. De nouveau, savoir qu’il s’agissait d’une captation en direct, permet de s’approcher de l’émotion qu’on ressent au concert. Voici le : 1^er Mouvement - Allegro ma non tanto.

Cela m’a fait prendre conscience qu’une partie de mes écoutes se trouvaient de facto hors du champ de la playlist et que mes coups de cœur pour des longs morceaux - Le morceau final de chaque programme ne fait jamais plus de 10-12 minutes -, pour des albums complets ou encore pour des musiques d’avant-garde ou expérimentales ne trouvent pas leur place dans la playlist.

Cette page vous présentera à l’écoute quelques coups de cœur au fur et à mesure de mes (re-)découvertes :

La playlist du mois est sur Audio Station, Qobuz, Deezer et Spotify. Il suffit de cliquer sur les icônes :

Pour plus de musique, toutes les archives sont disponibles sur le site lavande47.fr.

Bonne écoute

Philippe