Le programme de ces playlists est largement tributaire de ce qui tombe dans mon oreille pendant les semaines qui précèdent la mise en ligne ; c’est une sorte de miroir de l’actualité musicale. Aussi ce n’est pas un hasard si, ce mois-ci, nous retrouvons de nombreux extraits de bandes-son de films. D’abord il y a eu le décès de David Lynch, cinéaste qu’on ne présente pas mais aussi musicien qui a produit et participé à de nombreux disques, en particulier avec son compère Angelo Badalamenti ; puis celui de Bertrand Blier. Il attachait, lui aussi, une grande attention à la musique dans ses films. Pour s’en convaincre, il suffit de regarder le petit documentaire préparé par Arte qui est en lien plus bas dans cette page (*).

Un petit mot sur le morceau d'ouverture. Vous avez sans doute déjà entendu cette intro à la trompette bouchée. Il s'agit d'un morceau de swing anglais de 1932 qui a été samplé avec succès au moins une dizaine de fois ces dernières années. Mes préférés, sur YouTube : White Town - Your Woman et Earl - All That Glitters.

Gabriel Yacoub a aussi tiré sa révérence. Il avait commencé chez Alan Stivell puis, avec Marie, son épouse d’alors, avait fondé Malicorne reprenant des airs et chansons du folklore français avec moult instruments improbables et force voix nasillardes. Leur album Almanach, en 1976, fut un coup de tonnerre dans le ciel musical français. Tout le monde en parlait et l’écoutait. Je me souviens encore d’une discussion enflammée avec mes cousins : ils étaient Malicorne, j’étais Deep Purple…

Et cela se poursuit avec Marianne Faithfull. Pour lui rendre hommage une chanson clairement autobiographique dont elle a écrit le texte Vagabond Ways et la couverture de Libération : la manchette et la photo choisies (pas celles de la ravissante jeune fille de 1965) m’ont semblé justes et touchantes. Le clavier et fondateur de Soft Machine, Mike Ratledge, est parti lui aussi. Très peu de photos du pionnier de la pédale fuzz sur orgue. Son apport au son du groupe est incontournable. Je vous propose une série d’extraits du second volume dont il est le compositeur principal bien dans l'esprit du groupe originel (**). Enfin, il y a Benny Golson, saxophoniste et compositeur incroyable de tubes de jazz : Blues March ou Whisper Not pour Art Blakey & The Jazz Messengers, c’est lui ! Ici, enregistré en 1962 et en 4tet.

Coup sur coup sont sortis deux biopics qui valent le détour : A Complete Unknown de James Mangold (déjà réalisateur du biopic sur Johnny Cash Walk The Line) qui raconte la vie de Bob Dylan de son arrivée à New York jusqu’au concert scandale du Festival Folk de Newport en 1965. Timothée Chalamet est incroyable dans la prise de rôle. On croirait Dylan - qu’on peut voir par exemple dans les documentaires montés par Martin Scorsese. De plus, comme l’actrice qui joue Joan Baez ou celui qui joue Johnny Cash, il interprète lui-même les chansons de son personnage dans le film. Ce n’est pas une pâle copie mais une réinterprétation réussie à la manière de. Le second film, Maria de Pablo Larraín, retrace la dernière semaine de la vie de Maria Callas. Là encore c’est réussi et les flash-back sont bien intégrés dans la trame du récit. Angelina Jolie interprète une cantatrice très crédible et émouvante. Pas d’extraits dans ce programme. Reportez-vous au disque Bringing It All Back Home pour Dylan et, pour Maria, aux airs chantés par La Callas qui ont été choisis pour la bande-son.

Deux films d’animation sur nos écrans : un nouvel épisode de Wallace & Gromit (le dernier remontait à 2008) qui n’apporte rien de neuf si ce n’est la joie nostalgique de voir nos héros en pâte à modeler préférés dans une nouvelle aventure. Venu d’Australie, les Mémoires d’un escargot d'Adam Elliot, raconte une histoire d’amitié entre une jeune fille qui aime les escargots et une vieille dame excentrique. Beaucoup d’émotions et une qualité d'animation extraordinaire.

Ne manquez surtout pas une mini-série espagnole sur arte-tv, La Messias (« La Messie ») au scénario très original et addictif et à la mise en scène audacieuse. Un extrait de la bande-son avec Jefferson Airplane — on me rappelle à juste titre que ce morceau figure aussi dans le film Matrix Resurrections, référence au "Follow the white rabbit" du premier film de la série.

(*) À noter le clin d’œil dans Préparez vos mouchoirs : le « meilleur » sur le Concerto pour clarinette de Mozart dénommé Gervase de Brumer n’existe pas ; en revanche Gervase de Peyer est un célèbre clarinettiste et sa version du concerto fait encore référence aujourd’hui.

(**) Les 2 premiers disques de Soft Machine ne sont pas disponibles sur les plateformes !? (Qobuz ne propose que des extraits de trente secondes, les autres, rien.) J’ai remplacé par un autre morceau du groupe : Esther's Nose Job dans une version préliminaire.

Miscellanées

Dans le roman d’Umberto Eco, Le nom de la rose, Guillaume de Baskerville et son novice Adso enquêtent sur une série de meurtres et finissent par découvrir des manuscrits qu’on croyait disparus à jamais. En musique aussi, des chercheurs fouillent sans relâche les bibliothèques du monde entier à la recherche de partitions répertoriées mais considérées comme perdues. On retrouve ainsi régulièrement des partitions de l’époque baroque disséminées jusqu’en Amérique du sud. Poursuivant cette idée, voici quelques chimères qui ont fait couler beaucoup de sueur et d’encre :

La playlist du mois est sur Audio Station, Qobuz, Deezer et Spotify. Il suffit de cliquer sur les icônes :

Pour plus de musique, toutes les archives sont disponibles sur le site lavande47.fr.

Bonne écoute

Philippe