Jack White est en couverture ce mois-ci. Son nouvel album est sorti discrètement au cœur de cet été sans campagne de promotion, justifiant ainsi son titre : No Name. Comme le précédent de 2022, il m’a séduit par ses riffs accrocheurs et sa saine rusticité. Il est couplé avec un extrait du dernier disque du groupe français Juniore. Lui aussi a un son qui me plaît bien : il puise ses racines dans la période yéyé du début des années 60 qu’il a su digérer dans une production actuelle pour obtenir un son tendu qui prend aux tripes.
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Mais je dois avouer que l’album qui m’a le plus enthousiasmé ces dernières semaines c’est PianoForte qui réunit un quatuor de claviéristes de très haute volée : Éric Legnini, Pierre de Bethmann, Baptiste Trotignon et Bojan Z. Ils jouent dans cette configuration depuis quelques années et ont fini par enregistrer. Cerise sur le gâteau, sur scène, il y a deux pianos acoustiques et deux pianos Fender Rhodes – donnant, en particulier, ces basses abyssales. Ils reprennent des thèmes et des chansons du répertoire avec une joie communicative. Je vous laisse découvrir avec le tube de Ahmad Jamal : Ponciana.
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Le guitariste brésilien Baden Powell (non, pas l’inventeur du mouvement scout) est bien connu en France car il y a élu sa résidence très tôt. On m’a fait découvrir récemment son premier disque, publié en 1960. Au-delà des arrangements un tantinet sirupeux de l’accompagnement, on y entend déjà la grâce du jeu du guitariste. J’ai choisi un titre hors de sa zone de confort, un standard de jazz et pas une bossa nova, pour mieux le mettre en valeur..
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Charles Mingus et Joni Mitchell décidèrent un jour de faire un album ensemble. Mingus composa donc une demi-douzaine de thèmes et Joni écrivit des textes. Après quelques séances d’enregistrement, Mingus meurt en janvier 1979 avant la finalisation. Elle termine le disque devenu un hommage et désormais simplement intitulé Mingus en invitant entre autres Jaco Pastorius, Wayne Shorter, Herbie Hancock et Peter Erskine comme accompagnateurs ! Ici, Joni est en public, en septembre 1978, avec Herbie Hancock pour une reprise d’un thème de Charles Mingus dont elle a écrit les paroles et qui sera inclus dans le disque.
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Les chanteurs-compositeurs français ont toujours aimé mettre en musique les vers des poètes. Je viens de découvrir que Léo Ferré en 1957 et Serge Gainsbourg, avec Alain Goraguer pour l’orchestration, en 1962 ont tous les deux mis en musique un poème de Charles Baudelaire, Le serpent qui danse. Il valait la peine de les mettre en regard et d’apprécier ainsi la personnalité créatrice de chacun.
« … À te voir marcher en cadence,
Belle d'abandon,
On dirait un serpent qui danse
Au bout d'un bâton… »
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Une séquence souvenirs maintenant avec les groupes Propaganda avec son unique tube planétaire et The Chemical Brothers dans leur premier opus dont la chanteuse, Beth Horton, a su titiller mon oreille.
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C'est sans doute unique à ce jour : un vigneron champenois a proposé à Léon Phal, le saxophoniste de jazz que vous avez déjà entendu ici, de composer des musiques sur ses cuvées dénommées Chromatique, Dorien, Lydien, Mixolydien. Vous pourrez juger du résultat avec cet extrait.
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Le rock progressif de la première moitié des années 70 ne cessera jamais de me révéler de nouvelles découvertes à la fois surprenantes et captivantes. Aujourd’hui je vous présente le groupe Carmen. Comme son nom le suggère, voici un groupe progressif anglais qui intègre le flamenco dans sa musique. Cela pourrait être incongru ou artificiel. Ça ne l’est pas. Écoutez-donc. Pour la petite histoire, ils ont sorti deux disques très intéressants et se sont dissous au troisième.
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Toujours et encore la scène jazz londonienne avec le nouvel opus de Nubya Garcia : gros son du groupe au service de son sax en majesté. Un mot aussi pour Louis Sclavis qui poursuit infatigablement sa route de soufflant, ici avec Benjamin Moussay au clavier et pour le groupe brestois Fleuves qui sait mêler danses bretonnes et jazz électronique.
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Sur la thématique « les tubes intelligemment repris », on m’a fait parvenir 3 reprises récentes et acoustiques de Magnolias for Ever de Claude François – qui n’est pas la tasse de thé de ce programme, on s’en doutait. Je vous mets dans le programme et en vidéo ci-dessous la version de Ben Mazué. J’apprécie la simplicité de l’interprétation, le fait qu’il ait adapté les paroles et par-dessous tout, que le clip ait été tourné à la Réunion : On y reconnaît au premier coup d’œil le vert humide – oserais-je endémique ? – de l’île.
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Enfin une pensée pour Michel Blanc, l’anti-héros magnifique, et Toumani Diabaté, le joueur de kora le plus talentueux de ces dernières décennies. J’ai programmé un de ses premiers disques que j’ai entendus ; il est ici en duo avec le grand guitariste Ali Farka Touré. Le titre est tout un programme : « Monsieur le Maire de Niafunké ».
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Lucille, la violiste
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J’ai assisté à un concert de viole de gambe avec la jeune gambiste Lucille Boulanger en duo avec un très très jeune – mais prometteur – théorbiste. Elle a puisé dans le répertoire du XVIIe siècle proposant principalement des œuvres de Sainte-Colombe, de Demachy et d’Hotman, professeur des deux précédents. Pour mieux faire ressortir les notes basses qu’elle affectionne particulièrement, elle avait accordé, nous a-t-elle dit, sa basse de viole à 400 Hz. En dépit d’un programme – c’est l’époque qui voulait ça – un brin introspectif, son jeu d’archet et sa volubilité à la main gauche ont rendu cette prestation époustouflante. C’est, à mon avis, la meilleure gambiste actuelle et, à entendre les musiciens qui y assistaient et que j’ai la chance de connaître, je ne suis pas seul à le penser. Le programme fait l’objet d’un CD opportunément sorti la veille du concert. En voici quelques extraits.
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Duras, La musique aussi
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Vous le savez désormais, l’été est ma saison de lecture. J’ai regroupé les romans achetés au fil des années et restés non lus sur une même étagère de ma bibliothèque et j’ai entrepris de les lire. Voilà que j’entame Le ravissement de Lol V. Stein de Marguerite Duras. Au bout de quelques dizaines de pages, je suis happé par le style, la manière dont Duras mène son récit et nous prend dans ses filets. J’avais bien apprécié L’amant à l’époque de sa sortie en 1984 mais je n’avais pas eu ce choc. Alors j’ai continué avec une demi douzaine de ses romans. C’est intéressant de lire en continu le même auteur sur plusieurs décennies de production. Si le sujet reste fondamentalement le même : une femme avec deux hommes, un couple qui se défait et un nouveau qui pourrait naître, on voit qu’au fil du temps Duras a affiné son propos en réduisant le nombre de pages écrites pour en arriver à des dialogues elliptiques et souvent sensuels – Le ravissement par exemple – puis dans une nouvelle étape – avec l’amant en particulier – conserver cette économie de texte en ne cachant plus la part autobiographique de ses récits.
Marguerite Duras s’est aussi beaucoup intéressée au théâtre et au cinéma. On comprend pourquoi : par rapport au livre, le théâtre et le cinéma apportent de nouvelles dimensions démultipliant le sens sans ajouter un seul mot. Ainsi, comme on l'a vu plus haut, il faut souvent lire plusieurs fois les dialogues dans les romans de Duras pour en comprendre l’intention qui peut être rendue plus explicite par les acteurs. Dans le cadre de cette playlist, j’ai mis quelques morceaux tirés de la BO de ses films. Il y a une exception. Dans le barrage contre le Pacifique, les deux jeunes héros écoutent beaucoup leur gramophone et en particulier la chanson du film Un soir à Singapour (WIlliam Nigh, 1928). Merci aux YouTubeurs pour avoir mis à disposition le rippage du 78-tours ainsi que le film lui-même.
Mon programme se termine bientôt avec L’amant de la Chine du nord ; il sera alors temps de retourner à mon étagère.
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La playlist du mois est sur Audio Station, Qobuz et Spotify. Il suffit de cliquer sur les icônes :
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Pour plus de musique, toutes les archives sont disponibles sur le site lavande47.fr.
Bonne écoute
Philippe
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(Les morceaux manquants sont marqués ci-dessous : * pour Qobuz et ° pour Spotify)
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- Jack White - No Name - That's How I'm Feeling (3:11)
- Juniore - Trois, Deux, Un - Le silence (3:25)
- Eric Filet - Les bronzés font du ski - Jingle Les bronzés font du ski (0:25) *
- Nicolas Repac - Gramophonie - Swingphony (3:02)
- Propaganda - A Secret Wish (25th Anniversary Deluxe Edition) - P Machinery (3:51)
- Sadistic Mika Band - Black Ship (Remastered 2023) - Nanika Ga Umi Wo Yatte Kuru (Remastered 2023) (4:14)
- Ayo - Mami Wata - Money Love (2:50)
- Genevieve Artadi - Forever Forever - Forever Forever (4:25)
- Joni Mitchell - Joni Mitchell Archives, Vol. 4: The Asylum Years (1976-1980) - Goodbye Pork Pie Hat (Live at Bread & Roses Festival, Greek Theatre, Berkeley, CA, 9/2-3/1978) (5:19)
- Baden Powell - Apresentando (2023) - Stella By Starlight (2:48)
- Léo Ferré - Les fleurs du mal (Edition 2018) - Le serpent qui danse (2:53)
- Serge Gainsbourg - 04. N° 4 [Intégrale 20ème Anniversaire] - Baudelaire (2:28)
- Fleuves - #3 - Loudia (4:01)
- Soledad Bravo - Boleros - Tú, Mi Delirio (4:05)
- Marie-Antoinette Pictet - Nouvelle Vague : Chansons et musiques de films - Andantino de la sonatine no. 8 [Moderato cantabile] (1:44)
- Ben Mazué - Magnolias for Ever [YouTube rip] - Magnolias for Ever (3:31)) * °
- The Chemical Brothers - Exit Planet Dust - Alive Alone feat. Beth Orton (5:16)
- Nubya Garcia - Odyssey - Odyssey (7:23)
- Georges Delerue - Nouvelle Vague : Chansons et musiques de films - Hiroshima, mon amour - valse du café du fleuve (2:31)
- Bark Psychosis - Hex (2008) - Fingerspit (8:21)
- Paul Gesky, Victor Alix et son orchestre - Un soir à Singapour [YouTube Rip 256] - Un soir à Singapour (chanson du film) (2:55) * °
- Louis Sclavis, Benjamin Moussay - Unfolding [24-88] - A Garden in Ispahan (4:12)
- Jeanne Moreau - Le Tourbillon - India Song (3:27)
- Lucile Boulanger - La messagère: XVII-XXIe siècles, un portrait de la viole de gambe [24-192] - Hotman: Manuscrit de Cracovie, Suite in D Minor: Ballet (2:40)
- Lucile Boulanger - La messagère: XVII-XXIe siècles, un portrait de la viole de gambe [24-192] - Hotman: Manuscrit de Cracovie, Suite in D Minor: Gigue et ses variations (2:17)
- Léon Phal - No Pain, No Champagne - Healthy Ground (4:15)
- Ali Farka Touré & Toumani Diabaté - In The Heart Of The Moon - Monsieur Le Maire De Niafunké (3:58)
- Eric Legnini, Bojan Z, Pierre de Bethmann, Baptiste Trotignon - PianoForte [24-88] - Poinciana (4:48)
- Charlotte Planchou - Le Carillon - Mon Amant de Saint-Jean (3:06)
- Carmen - Fandangos in Space (The Albums: 1973-1975) (2024 Remaster) - Bulerias: Cante (Song) / Baile [Dance] / Reprise [2024 Remaster] (5:23)
- Banco de Gaia - Last Train to Lhasa EP (2015) - Last Train to Lhasa (AstroPilot Remix) (7:10)
- Michel Blanc - Les bronzés font du ski - Quand te reverrai-je, pays merveilleux ? (0:41)
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