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« Tout le monde le croyait mort »
(Le livre des illusions, Paul Auster)

Retour 2024
Jessica Pratt
La playlist de juin 2024
Jessica Pratt. Ce nom me rappelait vaguement quelque chose, une voix et une guitare sèche. Il faut dire qu’elle ne sort un album que tous les 4 à 5 ans. Alors, je mets le disque par curiosité. Et c’est une belle surprise, un choc. Oui, il y a une guitare et une voix mais elles sont enveloppées dans une sorte de brume cotonneuse. Le chant provient de derrière les enceintes et emplit tout l’espace. On croirait écouter une production de Phil Spector si celui-ci avait aussi produit des chansons douces et qui savent prendre leur temps. L’album de 9 chansons ne dure que 27 minutes. La dame a aussi le sens de la concision, ce qui ne gâte rien. Une fois le disque terminé, on le remet.

Le deuxième morceau sélectionné pour ce programme m’a d’abord plu par son titre : Last Night A DJ Saved My Life. Je rêverais que quelqu’un me dise cela un jour… La musique est à la hauteur du titre.
Melba Liston
Ma Reverie est un morceau composé par Claude Debussy qui a perdu son « ^ » en devenant un standard de jazz ! C’est Melba Liston qui prend le solo de trombone au sein de l’orchestre de Quincy Jones en 1960, en concert à Lausanne. Elle n’était pas seulement tromboniste mais aussi renommée comme arrangeuse.

Jacques Tati Je suis tombé sur une compilation des musiques des films de Jacques Tati. Beaucoup de fraîcheur dans ces extraits et les compositeurs changent à chaque film. Ils parsèment donc ce programme. À vous de les retrouver. On célèbre cette année André Mancini, prestigieux compositeur de bandes originales. Je vous propose donc la musique du film Charade. Le film est un chef d’œuvre (vous savez bien : Cary Grant et Audrey Hepburn qui jouent au chat et à la souris dans le Paris de 1964) et la musique, même sortie de son contexte, l'est tout autant. Le deuxième morceau est le célèbre thème Peter Gunn, ici repris dans un disque-hommage avec Herbie Hancock au synthé, John Williams — oui, the John Williams — au piano et Quincy Jones (encore !) aux arrangements !

Il n’y a pas que les bandes originales de films qui rappellent des souvenirs. Il suffit d’écouter une musique de jeu vidéo auquel on a joué pendant des heures pour qu’on se replonge immédiatement dans l’ambiance et les souvenirs du jeu. Pour ma part, il s’agit de la musique du jeu Diablo qui est reprise ici par un groupe brésilien mené par Leandro Abreu dont l’ambition est d’arranger et de jouer les musiques de jeux vidéo. Il y a un réel engouement aujourd'hui pour ce genre de prestations ; on peut aussi penser à la fin du film Tar.

Fad Gadget On me signale Fad Gadget, un groupe qu'on n’a jamais entendu, de mémoire d'aficionado, dans les émissions de Bernard Lenoir — ok je vous parle des années 80-90. Je consulte ma bible, Le nouveau dictionnaire du rock de Michka Assayas, et, page 1195, 3 lignes lui sont consacrées ! Voilà bien un candidat pour le titre de musicien injustement oublié. Des compilations sont disponibles sur les plateformes. Faites-vous une idée avec Back To Nature .

D.R. Hooker Vous ne connaissiez pas D.R. Hooker. Moi non plus. Il n’y a qu’une seule photo de lui (celle de la pochette) ; en 1972, il a réuni quelques musiciens (on n’est pas sûr des noms) dans un studio et a enregistré une dizaine de morceaux pour sortir un LP à titre privé publié à 99 exemplaires. Qu'un exemplaire atterrisse chez un éditeur à la fin du XXe siècle, qu’il l’écoute et en produise une version analogique puis numérique relève du miracle.

Nico La chanteuse Nico, égérie d'Andy Warhol et membre imposé au Velvet Underground a produit une poignée de disques très intéressants au tournant des années 60-70. Elle avait eu, en 1967, une liaison avec Jim Morrison des Doors, où l’alcool, la drogue, la poésie et le chamanisme avaient eu largement leur part. C'est pourquoi, elle finissait la plupart de ses concerts par la chanson The End.

Le guitariste Christian Escoudé est mort il y a quelques jours. Voici un extrait d’un disque live enregistré en 1987, quand je l’avais vu en concert au club Le Montana à Paris. Il joue avec René Urtreger, Niels-Henning Ørsted Pedersen et André Ceccarelli.
Christian Escoudé
Médée
3 Body Problem
Cette année, Médée, l’unique opéra de Marc-Antoine Charpentier — connu pour son Te Deum — a fait son entrée au répertoire de l’Opéra de Paris. En 1693, l’ouvrage n’eut guère de succès, sans doute à cause du sujet mais aussi des intrigues et cabales qui suivirent la mort de Lully pour prendre sa succession. Le sujet, en effet, est assez horrifique : La sorcière Médée a mis, par amour, ses pouvoirs au service de Jason pour dérober la toison d’or. Le couple et ses enfants se sont réfugiés à Corinthe auprès du Roi Créon. Jason tombe amoureux de sa fille et le roi, qui n’a pas d’héritier, veut obliger Médée à l’exil. Répudiée et bafouée, Médée décide de se venger en tuant le roi, la fille et même ses propres enfants, détruisant ainsi mentalement Jason.

C’était la première fois que j’assistais à un opéra en version baroque avec orchestre réduit et chant accompagné par un continuo clavecin et théorbe. Cela oblige à se concentrer sur l’écoute mais permet d’entendre bien des subtilités des musiciens et des chanteurs. Le plateau était de premier ordre avec Lea Desandre, Reinoud van Mechelen et Laurent Naouri, mené de main de maître par William Christie. L’acte III est particulièrement réussi : Médée invoque les esprits infernaux pour assouvir sa vengeance. Voir surgir du sol les démons rouges et les ombres diaphanes au rythme des staccatos de la musique est effrayant et absolument inoubliable.
Le tableau volé
Une petite note sur le film de Pascal Bonitzer, Le tableau volé, dont les dialogues et le jeu des acteurs sont formidables. Rien à voir avec la musique, mais le fait de voir une affiche du graphiste Floc’h dont j’ai été un fan absolu dans les années 80, quand il faisait de la BD avec François Rivière, m’a fait bien plaisir.
Le Tableau volé
Paul Auster
Paul Auster
Autre souvenir des années 90 cette fois : les romans de Paul Auster, qui vient de nous quitter, ont jalonné mes lectures de cette époque. Vous ne savez pas par lequel commencer ? Jetez un œil sur la photo ; ils sont là dans l’ordre : Trilogie new-yorkaise, Moon Palace, Le livre des illusions.
Paul Auster
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Bonne écoute
Philippe



(Les morceaux manquants sont marqués ci-dessous : * pour Qobuz et ° pour Spotify)

Jessica Pratt - Here in the Pitch [24-44] - Life Is (3:08)
KO KO MO - Last Night (a DJ Saved my Life) - Last Night (a DJ Saved my Life) (3:06)
Shaka Ponk - I'm Picky (Unplugged) - I'm Picky (Unplugged) (3:25)
Akiko Yano - Piano Nightly (2005) - New Song (3:21)
Jean Yatove - Jacques Tati : Swing (Bonus) - Générique début (du film "Jour de Fête", 1949) (0:58)
Aliocha Schneider - Aliocha Schneider - Ensemble (3:02)
Abreu Project - A Little Bit More - Tristram Village (From "Diablo") (Live at Pio XII Theater) (5:07)
Sophye Soliveau - Initiation [24-48] - Initiation II - Wonder Why (8:20)
Pierre Boulez, New Philharmonia Orchestra - Pierre Boulez Conducts Debussy - Première Rhapsodie, L. 116 (Version for Orchestra with Solo Clarinet) (8:36)
Francoiz Breut - Vif ! - Crever l'Asphalte (3:09)
Anoushka Shankar - Traces of You - Indian Summer (4:54)
The Last Dinner Party - Nothing Matters (Acoustic) EP - Nothing Matters (Acoustic) (3:03)
Fred Hersch - Silent, Listening - Softly, as in a Morning Sunrise (5:07)
Henry Mancini & His Orchestra - Charade (2003) - Charade (Main Title) (2:09)
Francis Lemarque - Jacques Tati : Swing (Bonus) - Générique début (du film "Playtime", 1967) (2:23)
Henry Mancini - Peter Gunn - Peter Gunn (2:40)
Midscale - Peat - Peat (3:37)
Alain Romans - Jacques Tati : Swing (Bonus) - Quel temps fait-il à Paris ? (du film "Les vacances de Monsieur Hulot", 1953) (2:19)
George Ezra - Did You Hear the Rain? - Budapest (3:22)
MDR Rundfunkchor - Risto Joost - Rachmaninov: All-Night Vigil, Op. 37 [24-48] - All-Night Vigil, Op. 37: Beginning song: Come let us worship (Sung in the Russian language) (2:43)
Quincy Jones Big Band - Complete 1960 European Concerts - My Reverie (4:03)
Frank Barcellini - Jacques Tati : Swing (Bonus) - Mon Oncle (du film "Mon oncle", 1958) (2:38)
Johnny Mandel - M*A*S*H (Original Motion Picture Soundtrack) (2024) - Suicide Is Painless (From the 20th Century-Fox film ""M*A*S*H") (2:52)
Fad Gadget - The Best of Fad Gadget - Back to Nature (5:49)
Badfinger - Badfinger - I Miss You (2:35)
Hervé Niquet - Le Concert Spirituel – Charpentier : Médée - Médée, H. 491, Act III: Air. "Quel prix de mon amour" (3:31)
D.R. Hooker - The Truth (Bonus 2000) - Forge Your Own Chains (4:42)
René Urtreger, Niels Henning Ørsted Pedersen, Christian Escoudé, André Ceccarelli - Masters - Passing Shots (Live) (6:42)
Joseph Moog, Andreas Mader - Walking the Dog [24-48] - Romeo and Juliet, Op. 64: No. 10, Juliet as a Young Girl (Version for Saxophone and Piano by Andreas Mader - After the Suite for Violin and Piano by Lidia Baich and Matthias Fletzberger) (1:28)
Joseph Moog, Andreas Mader - Walking the Dog [24-48] - Romeo and Juliet, Op. 64: No. 13, Dance of the Knights (Version for Saxophone and Piano by Andreas Mader - After the Suite for Violin and Piano by Lidia Baich and Matthias Fletzberger) (3:22)
Nico - The End... (2012 Remastered and Expanded Edition) - The End (9:28)

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