la playlist de novembre 2022

Déjà le 11 novembre et la playlist n’est pas sortie ! « il y a du relâchement voire de l’indolence dans l’air », me dira-t-on. Alors, trêve de préliminaires et entrons dans le vif du sujet.

En couverture, Adèle Blanc-Sec la belle héroïne de Tardi dont les aventures ont commencé il y a environ 45 ans et on ne compte que 10 épisodes ! Le dixième était de plus annoncé par l’auteur comme le dernier de la série. C’est donc peu surprenant que, pour moi, l’événement soit d’importance. Pour le fêter, j’ai relu tous les albums : en 4,5 décennies, j’ai eu le temps d’oublier des morceaux de l’intrigue sachant qu’elle est volontairement alambiquée. Je n’en dirai pas plus pour ne pas déflorer le final. Il est en tout cas bien clair qu’il n’y aura pas de suite ni par Tardi ni par un autre…

Le programme commence avec un titre du nouvel album des Pixies. Un retour très en forme qui fait bien plaisir et rappelle leurs premiers succès.

Björk a sorti un album le mois dernier. Il est intéressant mais nécessite beaucoup d’attention pour l’écouter. Je me suis retrouvé à écouter ses premiers disques toujours aussi merveilleux. Au cours de sa carrière, elle a publié beaucoup de versions alternatives et de remixes. Je vous propose une variante de son superbe titre Jóga hommage à son amie et masseuse pendant les tournées.

En rédigeant cette chronique, je me rends compte que le jazz sous toutes ses formes occupe une place prépondérante dans ce programme. Détaillons donc les morceaux.

Le génie Art Tatum a enfin un successeur et il s’appelle Micah Thomas. Ecoutez cette main droite volubile. On continue avec un morceau tranquille de Art Blakey (tiens un autre Art) et ses Messengers. Ce n’est pas si courant chez eux. Et c’est une phalange de rêve qui joue : Benny Golson, Wayne Shorter, Lee Morgan et Jimye Meritt à la basse.

Côté quartet de rêve que dire de celui composé de Joshua Redman, Brian Blade, Brad Melhdau et Christian McBride dans ce disque tout juste sorti ? Le groove y est exceptionnel.

On entendra aussi Kham Maesline dans son premier disque solo au superbe son de contrebasse.

La formidable Joni Mitchell a flirté avec le jazz dans les années 80 et Charles Mingus avait accepté de jouer et d’enregistrer avec elle. Il est mort trop tôt pour que cela se fasse. Néanmoins Joni a enregistré un disque simplement dénommé Mingus. Pour l’accompagner, quelques éléments du Wheather Report comme Jaco Pastorius et Wayne Shorter et Herbie Hancok au piano. La reprise de son célèbre Goodbye Pork Pie Hat (hommage au chapeau de Lester Young) pour lequel elle a écrit les paroles me laisse sans voix.

L’immense Keith Jarrett ne peut plus jouer de piano à la suite d’une série d’AVC. Heureusement ses concerts en solo ont été enregistrés et sont publiés régulièrement. A l’écoute, c’est toujours un moment incroyable d’imaginer que le pianiste inventait à chaque concert une nouvelle musique et qu’elle soit aussi belle. C’est un de mes grands regrets d’auditeur : à l’instar de Miles Davis, je n’ai jamais assisté à l’un de ses concerts.

Le jazz d’aujourd’hui c’est la nouvelle vague londonienne. Coup sur coup, sont parus des albums de Korokoko (vous savez bien le morceau de cette playlist le plus plébiscité par vous), Makaya McCraven et Shabaka Hutchings dans son avatar The Comet is Coming. Les styles sont différents mais la musique avec un grand M est bien présente.

Il faut citer aussi les beaux disques de Jean-Pierre Como et son trio enregistré à Copenhague, Yaron Herman en improvisation solo au piano en studio (sur le titre choisi, le gospel rencontre Erik Satie) et Geir Sundstøl, guitariste norvégien au son inouï.

Je suis Jeanne Added depuis longtemps (il y a 10 ans, elle chantait du jazz avec Stéphane Kericki) et cet artiste sait surprendre à chacun de ses disques.

Il y a eu un grand jeudi de surprise pour moi le mois dernier. D’abord, à la suite d’une critique dans Télérama, je me suis mis à écouter le disque de Thierry Eliez hommage à Keith Emerson et son ultra célèbre power trio Emerson, Lake and Palmer. Pour qui connait leurs disques, les adaptations sont à couper le souffle et la voix du chanteur, Ceilin Poggi, si similaire à celle de Greg Lake. Mais ce n’était pas fini. Je tombe ensuite sur la réédition du premier disque solo de Robert Fripp après la première mort de King Crimson. Je n’avais jamais écouté son disque paru en 1979 et, tout à coup, j’entends la voix de Peter Gabriel dans une version piano de son célèbre Here Comes The Flood. En fait le Pete Gab II a été enregistré en même temps que le disque de Robert Fripp qui produisait les deux. Quel disque ! Il trône depuis dans ma vinylothèque 😉.

On terminera par 15 minutes du sublime adagio du Quintette à cordes, D956 de Franz Schubert qui vous accompagnera jusqu’au numéro de décembre.

Comme d’habitude, je n’ai pas commenté tous les titres du programme, ce qui ne préjuge ni de leur qualité ni de la dilection que j’ai pour eux.