la playlist de juin 2022

Le mois de juin se présente bien. Le programme que je vous propose est bourré de nouveautés superbes et de perles exceptionnelles.

En tout premier lieu, le nouvel opus d’Arcade Fire, WE. Je ne présente pas le groupe, tout le monde le connaît. Le duo leader canadien a passé le confinement en Louisiane et a composé des dizaines de chansons. Ils en ont sélectionné une poignée dans un disque qui dure moins de 40 minutes. Tant de concision pour un groupe qui a fait souvent dans le grandiloquent mérite attention. Voici le premier titre de l’album, j’espère qu’il vous entraînera à écouter le reste, cela en vaut la peine.

Un guitariste que j’aime beaucoup, Biréli Lagrène, sort un album en solo. C’est un exercice qui n’est pas sans risques et il a dû longtemps hésiter puisque cela fait au moins 40 ans qu’il joue en pro (oui il a commencé à 13 ans avec Stéphane Grapelli !). Il s’en sort brillamment. Un titre m’a particulièrement touché : Nature Boy. Du coup, je vous ai mis 3 autres versions mythiques de ce standard : Nat King Cole, l’original, Ella et Joe Pass et enfin Art Pepper accompagné de rien moins que Tommy Flanagan, Red Mitchell et Billy Higgins (ma préférée).

Le début de l’histoire de ce morceau est passionnant : un soir de 1947, à la porte du Lincoln Theater de Los Angeles, Eden Ahbez, un vagabond californien qui avait adopté le régime végétarien, comme d’autres errants baptisés "nature boys" confia sa partition de Nature Boy au valet de chambre de Nat King Cole en le suppliant de la lui remettre. Et c’est ainsi, sans bien savoir d’où il provenait, que Cole s’empara du morceau, l’enregistra et obtint un immense succès avec plus d’un million de ventes pour la seule année 1948. Entre-temps il avait pris la peine de localiser l’auteur qui se trouvait habiter sous le deuxième "L" du célèbre panneau "HOLLYWOOD" ! En conclusion :

"The greatest thing you'll ever learn, Is just to love and be loved in return"
Vous vous souvenez peut-être du duo réunionnais Bonbon Vaudou programmé l’année dernière. L’un des membres, Oriane Lacaille, revient cette fois-ci avec le génial Piers Faccini (aussi entendu ici). On notera aussi le superbe album de Leyla McCalla qui raconte l’histoire de Radio Haiti-Inter qui s’opposait au dictateur Duvalier et ses tristement célèbres Tontons Macoutes. Elle a eu accès aux archives de la radio et reprend des chansons diffusées sur l’antenne entrecoupées d’extraits de chroniques des animateurs. Est-ce nécessaire de dire que le directeur de cette radio a fini par être assassiné…

Shabaka Hutchings s’appelle désormais Shabaka. Il vient de sortir un disque et je suis toujours sous le charme.

Vangelis (ses BOF inoubliables mille fois entendues) et Andy Fletcher du groupe Depeche Mode nous ont quittés ce mois-ci, un titre de chacun en hommage.

On a aussi Tess Park, groupe entendu à la radio et dont je ne sais rien : pour son intro qui me donne l’impression que c’est un morceau enregistré dans les années 80.

Je privilégie les jeux de miroirs ce mois-ci. J’en veux pour preuve Melody Gardot en duo avec un pianiste à comparer à Camille Bertaux dans la même configuration et le génial John Scofield qui sort son premier album solo à l’instar de Biréli. Enfin un titre de Nilufer Nyanya m’a bien plu et me renvoie au groupe Arcade Fire.

Quand j’ai entendu ce titre à la radio j’ai d’abord cru qu’il s’agissait du nouveau disque des frères Guichen (guitare et accordéon), la tonalité bretonne étant si caractéristique. Un Shazam plus tard, il s’agissait de Bretagne mais par Ulf Wakenius et Vincent Peirani ! Excellents musiciens s’il en est.

C’est aussi le cinquantenaire d’Harvest, le disque dont j’ai su jouer et chanter tous les morceaux. L’un d’entre eux cependant me gâchait le plaisir de l’écoute : il s’agit de A Man Needs A Maid à cause de l’orchestre symphonique sur le refrain (LSO mais quand même). J’ai dégotté, dans un live de l’époque sorti cette année, une version où Neil Young est seul sur son piano. Ah !

Je vous ai pas mal parlé de Wet Leg l’année dernière. Le duo de filles vient de sortir son premier album et c’est vraiment très bien. Thom Yorke et Jonny Greenwood (faut-il préciser de Radiohead ?) accompagnés par le batteur de Shabaka sortent un disque superbe sous le nom de The Smile. Je ne pouvais pas manquer ça. Je n’oublierai pas de mentionner en passant des titres entendus dans En thérapie saison 2 (Rudy Vallée) ou dans le film poignant La Loi du marché (Bonobo) : Vincent Lindon y joue un loser magnifique face à des acteurs amateurs dans leur propre rôle.

Le mois de juillet est déjà quasi bouclé plein de vos suggestions et des écoutes que j’ai faites. Ne manquez pas le prochain épisode.

PS : Neil Young semble fâché avec Spotify.