la playlist de mai 2022

Anne Paceo est en couverture ce mois-ci. Je suis un fan absolu depuis son disque Circles et le concert à Marciac dont j’ai déjà parlé dans ces colonnes. Dans son nouvel album, elle privilégie de plus en plus le chant sur la batterie son instrument initial. Et c’est toujours aussi bien. J’ai choisi un morceau où le fantastique saxophoniste Christophe Panzani est bien mis en valeur.

Kurt Vile chante en prenant son temps comme on peut l’entendre dans cette balade issue de son dernier opus tout juste sorti.

En écoutant la sélection, je me rends compte qu’il y a beaucoup de nostalgie dans ce programme ; on y trouve La Mano, Norah Jones, Louise Attaque, Sting, et même Yves Simon ! J’ai passé un dimanche à réécouter ses premiers disques (5 LP en 5 ans !). Il s’en dégage des saynètes décrivant la vie parisienne autour de Barbès dans les années 70, pleines de poésie et de délicatesse. Il y a aussi des morceaux plus récents réentendus ce mois-ci au hasard des programmes de radio : Alban de la Simone, Terrenoire (titre remarqué surtout pour son évocation de la ville de Saint Etienne comme on me le souffle à l’oreille) et Nick Cave avec son morceau servant de générique de Peaky Blinders.

J’en profite pour dire que les morceaux de musique ne sont jamais retraités pour égaliser le niveau sonore sur l’ensemble du programme. Il en résulte souvent des différences sonores importantes entre deux titres qui se succèdent. On peut ainsi se rendre compte du l’évolution du mastering au cours des années : ainsi le morceau folk de Kurt Vile (2022) est beaucoup plus fort que le titre rock de La Mano Negra (1989) qui le suit.

Arno. J’ai été surpris et ému par l’annonce de son décès même si je me suis rendu compte qu’il était malade depuis deux ans et qu’il n’en faisait pas mystère. Difficile de choisir une chanson. Pour approfondir l’étendue de son répertoire, écoutez la playlist préparée par France Inter sur Deezer ou Spotify. Finalement j’ai choisi Vive ma Liberté pour son optimisme.

Je ne pouvais passer sous silence le dernier album de Mélissa Laveaux. Il faut avoir entendu une fois cette voix. Je cite un journaliste qui m’a paru avoir parfaitement résumé le sujet : « Après l’addictif Radyo Siwèl (2018), l’album de ses racines haïtiennes, la chanteuse canadienne installée en France continue ainsi dans la même veine pop-folk émancipatoire, toujours un peu sorcière, avec cette voix unique de caramel brûlé aux intonations régressives et sauvages » (Télérama).

Fontaines D.C. vient de sortir un disque. C’est son 3^e et c’est un sans-faute. Ces Dublinois forment décidément mon groupe préféré du moment.

Vous entendrez aussi Dazed And Confused. Vous connaissez par cœur ce morceau extrait du premier LP de Led Zep. En voici la version originale par un gars resté dans le dark side of the music : Jake Holmes. Ce n’était pas tombé dans l’oreille d’un Jimmy Page sourd qui n’avait pas hésité à se créditer comme compositeur sur la pochette.

Lady Blackbird est une voix nouvelle et une interprète qui laissera des traces en 2022. Le morceau choisi m’a à la fois interpellé et rappelé quelque chose : je vous l’enchaîne donc avec la VO de Bill Evans enregistrée en 1958 - Mais là Bill Evans est bien crédité.

Je n’aurais jamais pensé mettre un morceau sélectionné pour l’Eurovision dans ces programmes. Tout arrive. La chanson Fulenn («l’étincelle» et par extension «le jeune fille») a un texte en breton sur un rythme techno. Le texte en breton et français est ici.

Dans la grande tradition, l'histoire s’inspire de la gwerz Katell gollet (Catherine la damnée) qui raconte l’histoire d’une femme ayant vécu sa jeunesse dans le péché. Elle passait ses nuits à danser et à faire de l’œil aux hommes. Dieu la frappa alors d’une maladie, tout en étant prêt à lui pardonner si elle voulait se confesser. Malgré plusieurs tentatives et les apparitions de Marie Madeleine l’exhortant à tout avouer, Katell ne se décidait pas. Et le diable lui disait : – « Si tu te confesses, je te tuerai, si tu te tais, je te sauverai ». Katell finit par expirer. Au matin, un spectre de femme apparut dans le jardin entouré d’un grand feu. La morale est édifiante : « Chrétiens, confessez hardiment chaque péché, sinon, comme Catherine, vous serez perdus ».

Le piano oriental de Zeina Abirached (Casterman) est une superbe BD racontant la vie de l’inventeur d’un piano capable de jouer les quarts de ton qu’on trouve dans la musique orientale. Sa lecture a conduit le pianiste Stéphane Tsapis à produire un album utilisant cet instrument.

Je l’avais promis le mois dernier mais je n’ai pas encore adhéré. Donc pas de Schumann mais du Brahms. (Je contourne le sujet.)