la playlist d'avril 2022

Week-end de début d’avril au coin du feu. Du coup j’ai le temps d’écrire cette chronique et de bien lire les journaux. Deux nouvelles que j’ai appréciées ce vendredi et souhaite partager avec vous : Ringo Starr va jouer avec les Stones lors de la prochaine tournée de cet été en Europe. Il ne faut pas manquer cette réunion historique. L’autre, la prochaine génération d’iPhone saura lire les vinyles ! Je crois que je vais changer de téléphone 😂.

En couverture, le groupe DakhaBraka (« donnant donnant » en ukrainien). Le quatuor est très connu en Ukraine et aussi en Europe et aux USA grâce à leurs nombreuses tournées. Je suis très sensible à ces chants issus du folklore présentés dans une orchestration moderne et je ne parle pas de leurs costumes.

Voilà deux ans environ, Frédéric Lo a proposé à Peter Doherty (ex-leader des Libertines), qui s’était bien cabossé et réfugié en Normandie, de faire un disque à l’instar de cd qu’il avait fait avec Daniel Darc pour le génial album Crèvecœur ; Et c’est coup double. Mes appréhensions initiales ont été rapidement balayées et je suis complètement conquis. J’ai désormais régulièrement en tête les vers suivants :

"I know every trick in the book
Every trick by hook or by crook"
La série Drôle sympathique et drôle (on dit feelgood aujourd’hui) est à voir sur Netflix. Vous avez sans doute déjà entendu ou lu des articles et interviews dans la presse écrite et audiovisuelle (sinon les affiches dans le métro) sur cette série. Elle tient plus que bien ses promesses. Vivement la saison 2. Le goupe Papooz fait partie de la bande-son. Vu aussi au cinéma Liquorice Pizza : on connait la fin dès la première scène mais on se laisse emporter par cette gentille histoire. Jolie bande-son en bonus.

Broadcast est un groupe de Birmingham dont on ressort les disques aujourd’hui et que j’ai complètement raté dans les années 90. Bon, c’est réparé et je vous mets un titre comme amuse-bouche. Allez piocher les autres.

Je suis tombé sur Alice Callari dans une compilation réalisée par une concepteur de matériel hi-fi. Introuvable sur les plates-formes, il faut aller sur Soundcloud ou Bandcamp ; ou écouter ici. J’aime bien son air canaille et volontaire pour chanter sa joie d’avoir quitté son copain… (avec le renfort du sax et de chœurs gospeliens.)

Nightmare Alley est un beau film de Guillermo de Torro (le labyrinthe de Pan, la forme de l’eau) qui allie envoûtement et horreur dans ce déroulement tragique d‘un destin. Le cadre d’un cirque ambulant fait aussi penser à ce grand film de Tod Browning, Freaks (1932).

Une petite séquence de jazz vocal maintenant : elle commence par un hommage aux double six et à Mimi Perrin, puis avec une Sarah Vaughan de 1978 en pleine forme et en public et Abbey Lincoln dans son grand album, A Turtle's Dream. Il y a aussi Cécile McLorin Salvant avec un extrait de son dernier disque. Ce dernier album est difficile à qualifier ou commenter. Elle s’y est investie tout entière et comme You Sun Nah a aussi écrit des textes et de la musique. J’y reviendrai ici sans doute. Enfin on conclut avec Marion Rampal qu’on connait bien dans le groupe d’Anne Paceo.

Dans le rayon jazz, on a aussi Kenny Burrell dans le mega standard Work Song de Nat Adderley. Il est en solo et au Village Vanguard. Mystery Song, la bien nommée, est tirée d’un disque retrouvé récemment dans ma discothèque : Steve Lacy au sax soprane et Don Cherry à la trompette dans cet enregistrement de 1961. À l'arrière, dessinant des arabesques sur sa batterie, Billy Higgins. Pour être complet, le bassiste est Cal Brown ; cela ne dit pas grand-chose à personne même s’il s’en tire très bien sur le disque.

Duke Jordan est au programme dans son morceau fétiche devenu un standard, Jordu (vous avez compris l’astuce du titre). J’apprécie cette ambiance de club : ici le Café Montmartre à Copenhague en 1973. On entend l’espace de la salle, la netteté des baguettes sur les fûts de la batterie et aussi le piano pas fabuleusement accordé. On peut même compter les spectateurs... Bref, emporté par le saxophone tenor, on est au cœur d’une session live. Il ne me manque qu’un petit single malt…

C’est reparti avec Tenderlonious, (à ne confondre ni avec un moine pianiste bien connu, ni avec un steak saignant) un émule de la nouvelle scène jazz de Londres dont je vous parle régulièrement et dont je ne me lasse pas.

Brad Mehldau. Je vous en ai déjà parlé le mois dernier. Voici un nouvel extrait qui me replonge dans mes écoutes de Yes (période Fragile et Close to the Edge). Pour faire bonne mesure, comme Brad semble aussi être un fan de Rush, je vous mets l’original Tom Sawyer en bonus de programme.

Entendu ce mois-ci sur FIP : Jawhar. Il est tunisien - ce n’est pas flagrant à l’écoute ; j’ai été d’abord dérouté puis intrigué par la langue dans laquelle il chante - et ce qu’il fait est vraiment bien. Ana Carla Maza, elle, est cubaine et, comme Dom La Nena présentée ici il y a deux mois, chante et joue du violoncelle. Enfin Stella Chiweshe est d’Afrique du Sud avec un disque de 1987 qui ressort ces jours-ci.

Pour terminer, le rappel du concert de Michel Petrucciani (le trio du September Second !) était resté inédit jusqu’à récemment : un Take the 'A' Train qui fonce à toute berzingue dans la ville de Tokyo ainsi que le superbe premier mouvement de la Sonate Arpeggione de Schubert. Du Schubert dans ce programme ! Je n’en suis pas encore à Schumann mais je progresse 😉.