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Ukraine
la playlist de mars 2022
Ces programmes musicaux mensuels n’ont pas pour vocation de traiter de l’actualité politique ou économique ni de me permettre de donner mon opinion sur ces sujets. Il y a pourtant des moments où l’on ne peut faire l’impasse et ignorer ce qu’il se passe dans le monde.

Cette édition est dédiée à notre amie ukrainienne, à sa famille et à tous les Ukrainiens.
"Слава Україні"

On commencera avec une version du célébrissime Stabat Mater de Pergolèse : « Stabat mater dolorosa, Juxta cruxem lacrimosa ... » utilisant une partition retrouvée dans les archives du Concert Spirituel à Paris qui intercale des chœurs dans le dialogue soprano/mezzo-soprano. Pour la petite histoire, au XVIIIe siècle, le Concert Spirituel organisait, dans le Palais des Tuileries, des concerts lors des fêtes religieuses : ces jours-là, l’Opéra de Paris n’avait pas le droit de jouer. On ne pouvait y jouer ni opéra ni d’airs en français. De nombreuses pièces religieuses (justifiées aussi par les dates de concerts) en latin et italiennes furent donc programmés. Vous noterez peut-être aussi dans cet enregistrement la prononciation à la française du latin.

Je mentionnerai de suite aussi le duo Wenn ich in deine Augen sehe composé par Fanny Mendelssohn, sœur de Félix, que j’ai beaucoup entendu ces derniers temps à la maison et en concert. Il m’a bien fait vibrer.

Comme annoncé le mois dernier, un flot d’excellents disques est paru ces dernières semaines.

Côté pop rock, il faut écouter Big Thief et sa chanteuse Adrianne Lenker, le nouveau groupe originaire de Leeds, Yard Act, et son parler-chanter qui déménage (où va-t-il chercher cet accent ?). Je vous engage aussi à prêter attention ou lire leurs textes. Il y a aussi les désormais classiques Metronomy et Hurray for the Riff Raff : oui c’est le nom du groupe de la chanteuse Alynda Segarra et la chanson s’intitule Rhododendron ! J’ai aussi apprécié Parquet Court et The Mysterines même si c’est sorti il y a un peu plus longtemps. Enfin le groupe minimaliste caroline (sans majuscule). Je me rends compte que j’ai oublié le formidable disque de Alt-J, mon préféré en ce moment je crois.

Côté jazz, l’increvable Henri Texier géant de la contrebasse (il faut écouter sa série d’entretiens sur France Musique où il raconte son aventure dans le jazz depuis les années 60). Sa version de ‘Round Midnight avec un batteur et son fils au saxophone, enregistrée pendant le confinement va directement au cœur dans sa grande simplicité. Plusieurs trompettes ce mois-ci avec les albums de Julien Alour et David Enhco.

Une anecdote à propos de David Enho : Didier Lockwood avait monté un spectacle avec Caroline Casadesus son épouse d’alors : le jazz et la diva. Il y avait pour les accompagner sur scène deux adolescents : David à la trompette déjà et à la basse et Thomas au piano, bien sûr, violon et Mac, les deux fils de Caroline. Ils étaient déjà plein de promesses.

Il y a aussi l’incontournable Emile Parisien et son incroyable groupe, la formidable You Sun Nah et Laurent Bardainne qui sait apporter une note de gaîté avec son jazz apparemment léger : « Cui ! Cui ! Cui ! » Grégory Privat au piano et au chant dans un titre qui rappelle ses origines martiniquaises est aussi dans le lot.

Brad Mehldau rend hommage au rock progressif dans son prochain disque. Le premier extrait sorti m’a tellement plu que je vous le mets tout de suite. C’est du Soft Machine ! La batterie de Mark Guilliana me fait penser à Robert Wyatt et le jeu sur le piano à Mike Rattledge. Je n’oublierai pas de mentionner le chant angélique aux réminiscences « Rock Bottomiennes ». Bravo !

J’ignorais tout d’Elza Soares, icône au Brésil, quand on a annoncé sa mort à la fin du mois de janvier. Quand vous aurez écouté sa chanson A mulher do fim do mundo, vous ne l’oublierez plus jamais.

Dans les échanges que nous avons eus ensemble ce mois-ci, une bonne nouvelle : on écoute les Ramones et Bérurier Noir à l’école primaire pour raconter l’histoire du rock : alors un petit Béru pour la route. Une autre suggestion proposée à la suite d’un concert de Philippe Katerine : BB panda (et cette programmation n’a rien à voir avec les élections à venir…). Katerine ou comment avoir une idée musicale toutes les quinze secondes. Je ne m’en lasse pas.

On finira avec une chanson entonnée le week-end dernier à Berlin par des manifestants pour la paix : "Sag' mir wo die Blumen sind"". Cette chanson fut écrite par Pete Seeger, reprise par Joan Baez et enregistrée par Marlene Dietrich en français et en allemand en 1962. J’ai une préférence pour la version allemande. Lisez les paroles.

La playlist est sur Audio Station, Qobuz et Spotify. Il suffit de cliquer sur les icônes :

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Bonne écoute
Philippe


Julien Chauvin, Jodie Devos, Adèle Charvet, Le Concert de la Loge - Pergolesi: Stabat Mater [24-96] - I. Stabat Mater dolorosa (4:04)
Big Thief - Dragon New Warm Mountain I Believe In You [24-96] - Change (4:55)
Metronomy - Small World [24-44] - Loneliness on the run (3:39)
Henri Texier - Heteroklite Lockdown [24-48] - Round About Midnight (6:28)
Emile Parisien - Louise [24-96] - Louise (5:47)
Elza Soares - A mulher do fim do mundo (The Woman at the End of the World) - A Mulher Do Fim Do Mundo (4:37)
Yard Act - The Overload - The Overload (3:16)
Alt-J - The Dream [24-48] - U&ME (3:18)
Julien Alour, Simon Chivallon, Jonathan Zelnick, Elie Martin-Charrière - Light in the box - La tortuche (5:50)
Felicitas Erb, Judith Erb, Doriana Tchakarova - Mendelssohn & Hensel: Duette - Wenn ich in deine Augen sehe (2:43)
David Enhco, Thomas Enhco, Quatuor Voce - Family Tree [2-48] - Waltz #1 (3:21)
Hurray for the Riff Raff - Life on Earth - Rhododendron (3:34)
Daniel Rossen - Shadow in the Frame EP [24-96] - Shadow in the Frame (5:16)
Anna Netrebko; Claudio Abbado: Mahler Chamber Orchestra - Sempre Libera - Donizetti: Lucia Di Lammermoor - O Giusto Cielo! (3:18)
Arooj Aftab - Vulture Prince [24-96] - Last Night (5:58)
Youn Sun Nah - Waking World [24-44] - Lost Vegas (3:20)
Barbara Casini, Phil Woods, Stefano Bollani - Você e eu - Maria ninguem (3:52)
Parquet Courts - Sympathy for Life [24-96] - Black Widow Spider (2:50)
The Mysterines - Reeling - Dangerous (3:31)
Júlio Resende - Fado Jazz [24-44] - Fado das 7 Cotovias (5:25)
Laurent Bardainne, Tigre d'Eau Douce - Hymne au soleil [24-44] - Oiseau (feat. Bertrand Belin) (5:10)
caroline - caroline [24-44] - Good morning (red) (5:47)
Grégory Privat - Yonn [24-96] - Kouté tchè aw (3:13)
Brad Mehldau - maybe as his skies are wide - maybe as his skies are wide (3:43)
Bérurier Noir - Enfoncez L'Clown - L'empereur Tomato Ketchup (4:06)
Philippe Katerine - Confessions [24-44] - BB Panda (3:39)
Mamani Keïta, Aïda Nosrat, Sogol Mirzaei, Siar Hashimi, Rușan Filiztek et Arat Kilo - Sowal Diabi (From Kaboul to Bamako) [24-44] - Ecoute le Ney (4:24)
Marlene Dietrich - Träume der Vergangenheit - Sag' mir wo die Blumen sind (Where have all the flowers gone) (3:36)