la playlist de février 2022

Mais quel est donc le titre d’ouverture de ce programme ? Composé par Bach, Händel sinon Telemann ? Que nenni ! Georges Delerue s’est fendu de cet hommage à la musique baroque pour La nuit américaine de François Truffaut. On retrouve le morceau tout le long du film, la plupart du temps quand il y a de larges mouvements de caméra montrant une scène en train d’être tournée, jusqu’au générique de fin.

Le programme de cet épisode de février s’étale de fait sur une période qui va de fin décembre à début février. Il y eut d’abord Matrix 4 "Resurrections" au cinéma, une histoire qui se perd dans les vertiges des espaces parallèles sinon immatériels et qui comme la mer du poète est toujours recommencée. D’ailleurs n’est-ce pas mentionné dans le sous-titre même ?

On a continué avec un très bon concert du duo Birds on the Wire, constitué de Rosemary Standley (ex Moriarty) et Dom La Nena, navigant délicatement sur l’ensemble du globe avec leur répertoire.

Déboule alors le dernier disque de Eels. Il y a de ces morceaux qui vous accrochent à la première mesure et on ne peut plus s’en défaire : Good Night on Earth est de ceux-là. Il passe sur la chaîne au moment où j’écris ces lignes et je me suis senti obligé d’en parler de suite. Le reste de l’album est au même niveau.

Autre nouveauté qui est en « constante rotation » comme on dit outre-manche : le nouveau titre de la chanteuse norvégienne Aurora qui cette fois partage l’affiche avec la chanteuse Pomme dont on est plusieurs ici à apprécier le talent. Prêtez attention aux deux voix qui s’emmêlent et se démêlent sans cesse.

Côté Séries, on a (enfin) dévoré Baron Noir. Il était temps tant : le sujet est d’actualité en cette année 2022. Côté Netflix, ne manquez pas le film d’animation en stop motion La Maison (l’image d’en tête), ni un film d’anticipation un peu plus ancien, Ex Machina. Dans la playlist, je vous ai mis la chanson du générique de fin, Husbands. Merci à ceux qui nous les ont conseillés – même si cela a pu prendre un peu de temps.

Pendant les fêtes de fin d’année, j’ai raconté à certains d’entre vous mes aventures sous forme de découverte à l’aveugle avec les vinyles de la médiathèque de la ville de Paris. L’idée est d’emprunter dans les domaines du jazz, du rock progressif ou dans les musiques du monde des disques dont je ne connais ni le titre ni les musiciens. Le « meilleur » exemple à ce jour est ce disque 30 cm dont le chanteur à la voix très grave, sinon abyssale était censé réciter des poèmes de Francis Ponge sur du free jazz. La musique était certes libre mais on ne comprenait rien aux textes ce qui surprenait un peu : à quoi bon se référer à Francis Ponge. Une lueur se fit tout à coup : en dépit de la mention 33-tours sur l’étiquette, il fallait écouter en 45 tours… Peu de galettes élues à figurer dans ces playlists à ce jour (je tiens à garder mes abonnés). Je me lance ce mois-ci avec deux extraits. A vous de les trouver !

Meat Loaf vient de nous quitter et je me devais un petit hommage. Le morceau m’a été soufflé à l’oreille : il jouait dans le fameux The Rocky Horror Picture Show. Préparez vos imper, farine et autre récipient d’eau.

On m’a aussi suggéré d’écouter le dernier enregistrement à ce jour du pianiste sud-africain Abdullah Ibrahim. Tous les ans, pour son anniversaire (il a 86 ans), il donne un concert en Allemagne. L’année dernière, Covid-19 oblige, il n’y avait pas de public alors ils ont eu l’(excellente) idée d’enregistrer sa prestation réalisée en solo dans la grande salle vide. C’est absolument fabuleux. Dès les premières notes, on entend/ressent l’espace vide autour du piano et on se laisse emporter par ses notes qui chaloupent. A la différence de Keith Jarrett, autre abonné des prestations pianistiques en solo, ses improvisations sont relativement courtes : je vous en ai donc enchaîné 4 pour que vous puissiez mieux vous rendre compte. En conclusion, merci, merci, merci.

En fin de programme, une pièce du compositeur contemporain Arvo Pärt, Spiegel im Spiegel (Miroir dans le miroir), pour piano et violon. J’ai été subjugué par cette pièce qui vaut la peine d’être écoutée de bout en bout. On terminera avec le morceau ouverture de la BO de Matrix. A chaque écoute, j’ai l’impression que le film va bientôt commencer sous mes yeux.

Le mois prochain, une pluie de nouveautés superbes avec entre autres Youn Sun Nah, Émile Parisien, Laurent Bardainne, Yard Act, caroline, Big Thief, Jodie Devos et Adèle Charvet dans Pergolèse, Sébastien Daucé dans de Lalande. Bref, la playlist de Mars est presque déjà bouclée.