Confinement, Jour 35 (hommage à Christophe)

Christophe nous a quittés hier. Je lui avais en quelque sorte fait une dédicace dans le numéro précédent comme pour conjurer le mauvais sort. Cela, bien sûr, n’aura malheureusement pas suffi…

J’avais quasiment terminé de définir le contenu de la playlist quand plusieurs d’entre vous m’ont fait passer des morceaux de Christophe que je n’avais jamais entendus et qui me donnaient tout à coup une nouvelle dimension au chanteur. Il m’avait accompagné pendant toutes mes années « radio transistor » et fait partie de mon ADN musical. Je l’avais retrouvé il y a 5 ans environ avec son album Intime qui m’avait conduit à réécouter ces disques (Les Mots bleus et Les Paradis perdus entre autres) mais je m’étais arrêté aux années 70. Ces extraits envoyés sur WhatsApp m’ont poussé à faire deux choses devenues subitement évidentes : 1) chambouler le programme et le consacrer à Christophe et 2) écouter ses disques.

Il en ressort une sélection subjective que j’ai souhaitée hors des sentiers battus (guidé par vous). On y retrouvera donc Christophe avec son idole Alan Vega (Tangerine, voir aussi la chanson intitulée Rencontre à l’As Vega), Christophe rendant hommage à Alain Bashung (cf. sur le côté droit de la photo qui le montre dans son appartement-studio du boulevard du Montparnasse). La petite histoire dit que, quand Christophe a rencontré Bashung, il lui aurait demandé « pourquoi ce titre d’Alcaline ? », Bashung aurait répondu « parce que dans Alcaline il y a Aline».

On continuera avec Ces petits luxes tout en simplicité, L’un dans l’autre avec Erik Truffaz (il fallait de la trompette) et Minuit Boulevard (et aussi un peu de saxophone). Il y a aussi ses tubes choisis ici dans des versions revisitées plus récemment, notamment cette version de Senorita qu’il joue à la guitare !

Je n’ai pas oublié mes morceaux préférés. Souvent les chansons de Christophe commencent doucement comme si le chanteur rentrait chez nous en catimini et que, petit à petit, grâce à sa persévérance timide, il espérait qu’il finirait par gagner notre attention et nous entrainer par un juste retour des choses dans son monde à lui. Il y a d’abord Le dernier des Bevilacqua : je me suis longtemps demandé dans quel pays vivait cette tribu… La question d’aujourd’hui est que, comme le morceau dure dix minutes et comprend plusieurs parties, j’imagine que c’est une version éditée qui passait à la radio. Je ne me lasse de cette mini-symphonie qui rappelle les longues histoires que racontaient nos groupes de musique prog préférés à longueur de faces de 33-tours. Et enfin Les Paradis perdusl qu’il faut écouter jusqu’à la fin, persuadés que nous sommes qu’il a trouvé le sien hier soir.

« Au milieu de ces gens qui courent
Je dois tenir quarante-cinq tours
Sans un tube de secours
Irai-je au bout de ce parcours ? »
(Mickey)